Pour ma première participation au rendez-vous hebdomadaire "Chut, les enfants lisent ! " du blog Devine qui vient bloguer, je vais vous parler d'un livre que j'ai acheté la semaine dernière : Je veux des chocolats, Maman ! d'Isabelle Le Tarnec. J'ai choisi ce livre car il traite des émotions qui envahissent les enfants et de la façon, dont nous, parents nous pouvons les aider à mieux les gérer de façon bienveillante. L'auteure s'auto-édite et sa collection s'appelle "des livres pour réfléchir avec nos enfants sur le sens de la vie".
L'histoire se passe dans un supermarché. Une maman y va avec sa fille. La première page décrit une petite fille qui ne veut pas donner la main à sa maman, mais celle-ci lui fait remarquer qu'il y a beaucoup de monde et qu'elle ne voudrait pas la perdre. La petite fille, en regardant autour d'elle, se rend compte qu'effectivement, elle est bien petite parmi tous ces adultes inconnus et accepte de donner la main.
Première apposition vaincue par la maman sans chantage sur sa fille, simplement au moyen d'une explication simple et rationnelle : "Je ne veux pas te perdre ! "
Par la suite, la petite fille voit du chocolat, ce qui lui donne envie d'en manger. Elle en demande à sa maman, qui lui explique qu'elle ne veut pas en acheter, car il en reste à la maison dans "sa boîte à gourmandise". Toutefois, la petite fille insiste en disant qu'elle en veut "maintenant". La petite fille a beau être poli, la maman ne cède pas, en lui expliquant qu'après les courses, elles vont faire le déjeuner, et que la règle est que l'on ne mange pas de chocolat avant le repas. Elle lui propose d'en manger après le dessert, mais la petite fille insiste en se mettant à trépigner...
La maman lui dit qu'elle a le droit de ne pas être contente, mais qu'elle ne lui en achètera pas. Elle lui explique que c'est son travail de maman pour qu'elle grandisse bien.
La maman finit par câliner sa fille, qui sanglote. L'enfant passe à autre chose en allant chercher des fruits avec sa maman.
Mon avis : J'aime beaucoup l'approche de l'auteure qui diffère énormément des livres où les parents usent de menaces ou de punitions. La maman use de bienveillance en expliquant les choses à sa fille, en se mettant à sa hauteur pour lui parler, en restant calme (exactement la maman que j'aimerai être en permanence lol). Elle joue son rôle d'éducateur en mettant des limites à son enfant afin qu'il puisse se construire. Les émotions de l'enfant sont prises en compte par l'adulte. Je trouve cela plaisant à lire à ses enfants car cela entraîne une discussion avec eux. Et comme dirait mes chouquettes (4 et 6 ans), la petite fille, elle n'a pas eu le chocolat :-).
Toutefois, la dernière page du livre m'a laissé beaucoup d'interrogations sur l'éducation positive. La maman, après le retour au calme, discute de ce qui s'est passé avec son enfant, ce que j'aime moi aussi faire, on fait un peu le bilan de comment ma fille a vécu ce moment et comment moi je l'ai vécu. Mais ensuite, la maman demande à sa fille de s'excuser, et là, j'avoue que ça me perturbe beaucoup. D'autant que l'auteure écrit "Maintenant que tu es calmée, qu'est-ce qu'on dit pour la colère ?", c'est donc une démarche habituelle que de demander pardon après les colères.
Quand mes enfants se font déborder par leurs émotions, et qu'elles tapent, ou disent des choses horribles, je peux leur demander de s'excuser si elles me font mal ou font mal à quelqu'un d'autre, ou si elles disent des mots qui font mal. Toutefois, dans cet exemple, la petite s'est laissée submerger par ses émotions mais n'a finalement rien fait "de grave" à part un peu de bruit et ralentir sa maman dans ses courses à mon sens.
L'auteure est attachée à l'apprentissage du "vivre-ensemble" et pour elle il est important que les enfants intègrent les limites, ce avec quoi, je suis totalement d'accord. Mais pour l'auteure, permettre à l'enfant de s'excuser, c'est lui permettre de se responsabiliser... Sur le fond, je suis assez d'accord, mais dans le cas d'une gestion des émotions, le fait de demander pardon, me laisse un goût amer, je continue d'avoir le sentiment qu'en lui demandant de s'excuser, on lui demande de mettre ses émotions de côté.
Je comprends donc la position éducative de l'auteure mais elle ne me correspond pas totalement. Je préfère discuter avec mon enfant mais m'arrêter là, sans lui demander de s'excuser, je changerais peut-être d'avis lorsque mes filles grandiront mais à 6 ans, gérer ses émotions me parait encore être très (trop) compliqué pour demander pardon, l'enfant n'en est qu'au balbutiement de son apprentissage de maîtrise de lui-même.
Je sais que pour certaines mamans, le fait de demander pardon permet de clore la "dispute" et de passer à autre chose, mais dans ce cas présent, les deux parties étaient déjà passées à autre chose, je trouve donc que ça n'apporte rien, si ce n'est que l'adulte assoie sa supériorité sur l'enfant en ayant le mot de la fin, si je puis dire et cela ne me correspond pas, la pose de limites me suffit sans avoir besoin d'en "rajouter".
C'est donc un livre un peu particulier dont je vous parle aujourd'hui, un livre qui a pour vocation "de réfléchir avec nos enfants sur le sens de la vie". C'est donc un pari réussi dans mon cas puisque depuis une semaine, je ne cesse de me poser des questions sur pourquoi certaines choses raisonnent en moi et pas d'autres :-). Mes chouquettes n'ont pas (encore) réagit au texte, mais je sens qu'elles vont me demander de leur relire un grand nombre de fois, car l'approche leur est familière ! Il est probable qu'elles me demandent par la suite, si elles aussi elles doivent s'excuser, nous aurons donc une discussion à ce sujet, ce qui est tout l'intérêt du livre :-)
Et toi très cher lecteur - lectrice, que penses-tu de ce genre de livre, attends-tu des livres que tu lis à tes enfants, qu'il provoque des discussions ? Et sur le sujet des émotions, le fait de demander pardon te semble-t-il plutôt bienveillant ?
Nous avions déjà lu un livre du même auteur, vous pouvez retrouver mon article ICI sur Zoufroute le hérisson qui faisait des prouts.
La demande d'excuses me fait réfléchir aussi. Je me rends compte que je ne demande jamais à l'enfant de s'excuser mais de réparer s'il y a eu dégât. J'ai l'impression que cette demande est une demande de soumission dont je n'ai pas besoin pour sentir si l'enfant a compris ou regrette. Dans des cas plus sérieux où des mots, des gestes m'ont fait mal, je le dis à l'enfant. En général, après avoir un peu boudé, il revient penaud et me montre par son comportement qu'il sait qu'il a mal agi. Je me souviens d'un petit garçon de 4 ans. Parce que j'avais été présente sur le long terme au moment où la famille vivait un drame, une relation assez forte s'était tissée. Un jour, quelques minutes après être arrivée, sur un simple non que je formulais, il m'a giflée. Je suis restée sidérée quelques secondes et de lui-même, en pleurant il m'a dit: "Je crois que je vais dans ma chambre." Je ne suis pas revenue avec lui sur le sujet pour deux raisons: il avait immédiatement manifesté du regret et je soupçonnais une manipulation de l'enfant par un adulte, ce qui s'est avéré exact. Le reste de la journée s'est déroulé normalement, comme si cette gifle n'avait jamais été donnée... et comme si en me la donnant, il avait rempli le contrat implicite exigé par l'adulte malveillant et qu'il pouvait de nouveau être lui-même avec moi.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup l'approche tellement bienveillante (oui la maman que j'aimerais toujours être aussi lol). Par contre, comme toi, les excuses à la fin c'est bizarre...
RépondreSupprimerJe demande à mes enfants de s'excuser, quand ils font du mal à quelqu'un par exemple... s'excuser, dans certains cas, c'est réparer. Mais, on n'a pas à s'excuser de sa colère. C'est une émotion comme une autre. Une émotion qu'on a le droit de vivre et d'exprimer.
Après, on n'a pas le droit de l'exprimer n'importe comment (en tapant, en criant sur quelqu'un etc.) et pour ça on peut avoir à s'excuser.
Alors doit-on s'excuser d'avoir exprimé sa colère en faisant une "crise" (parce que c'est bien de cela dont on parle "une colère" = une crise... déjà c'est confus d'utiliser le même mot pour l'émotion et son expression, du coup quand on nie l'acte on nie l'émotion), une crise qui n'a fait mal à personne...?
Je vote non, pas chez un petit. Eventuellement, un grand (très grand) pourrait dire "pardon de t'avoir mis en retard", mais un petit...
il me semble intéressant, il me plait bien.
RépondreSupprimerCe livre a l'air très interessant pour les 6ans. IPas facile la question des excuses.
RépondreSupprimerJ'aime bien l'idée de ce livre qui fait réfléchir, j'avoue que j'ai parfois du mal à gérer ce genre de colère et un livre pour en parler, ou pour aider mon loustique à en parler peut être pas mal. Merci pour cette découverte
RépondreSupprimerC'est un peu spécial comme livre...pas du tout le genre qui m'accroche, surtout quand tu me racontes la fin!
RépondreSupprimerje suis assez partagée, j'aime l'idée principale et effectivement je la trouve original, après est-ce que mon enfant accrochera de la même manière, je ne sais pas, est-ce que c'est pour cela qu'il comprendra mieux les règles que nous lui inculquons, je ne sais pas non plus...
RépondreSupprimerpour le excuses-moi en fin d'ouvrages je suis d'accord avec toi, la colère fait partie des sentiments que nous ne pouvons changer, quoi qu'il se passe on se mettra en colère un jour dans notre vie et c'est d'ailleurs bon pour tous, il faut aussi extériorisé.
Coucou,
RépondreSupprimerIl me plait bien ce livre, et je devrais sans doute l'acheter tout d'abord pour moi qui suis encore bien loin du je ne crie pas et j'explique. Je râle beaucoup, beaucoup trop. La fatigue est toujours très présente, et j'oublie bien trop vite de réfléchir avant d'agir. Bref je l'ajoute vite à ma liste et je pense qu'il plairait pas mal à mes 2 petits avec qui j'arrive quand même à avoir quelques discussions censée ;)
Très bonne journée et merci pour cette découverte.
super ce livre!! pas fcile de toujours garder son calme!
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